En revenant du travail ce midi, j’étais limite en hypoglycémie, mais mue par un Grand Courage (vraiment n’Importe Quoi !), je suis passée par la pâture avant de dévorer un goret entier. Faut croire que je suis aussi insatiable que mes chers animaux qui, une fois n’est pas coutume, broutaient dans le terrain voisin où s’épanouit un magnifique tilleul centenaire. Pas eu le Grand Courage de les virer et de retaper, une fois n’est pas coutume, ce foutu grillage qui ne tient pas. J’étais heureuse cependant d’aborder Ulsan de face et de lui toucher le poitrail.
En ce moment, sur Arte, il y a une série de reportages, vers 20 heures, sur les chevaux. Avant-hier, nous étions chez les Berbères du Maroc. Un paysan, excellent cavalier, achetait pour son fils de 18 ans un magnifique barbe noir (à défaut d’un barbe bleu, uh uh uh ! Quelle forme ce soir… hum) pour l’équivalent de trois mille euros ! Le but était que le père et le fils participent ensemble à une fantasia, sorte de simulacre très ordonné et très beau d’une attaque guerrière. Hier, ils nous ont emmenés en Amérique latine, à la rencontre des gauchos et de leurs criollos. On pouvait voir le début du débourrage d’un poulain de trois ans jamais touché par la main de l’Homme. Les postérieurs étaient entravés et le cheval attaché à un poteau. Radical mais apparemment efficace puisque l’animal se calmait assez vite. Pour gagner la confiance de leur monture et mieux se faire connaître d’elle, ces cavaliers soufflent dans leurs narines pour les habituer à leur odeur. Imaginez-donc une petite française, cet après-midi, qui pour amadouer sa mule rebelle souffle dans son nez… à plusieurs dizaines de centimètres de lui. Ridicule, j’en conviens, mais la mule a sniffé mon haleine fraîche et n’a même pas tourné de l’œil. Sinon, aucun progrès.
Je connais maintenant le voisin du terrain interdit, un homme plus tout jeune mais en pleine forme cultivant ses jardins vaillamment. L’autre voisin, celui qui a des chevaux de course, tondait sa pelouse avec un petit tracteur allant à toute allure et projetant de l’herbe partout. Ulsan était fascinée et terrifiée à la fois.
J’aime beaucoup ce petit coin, même si parfois j’ailerais être un peu plus à l’abri des regards. Les grandes zoreilles ne manquent pas de distraction, et s’il n’y a pas d’humain dans les parages, il reste des chèvres qui gigotent tout le temps et grimpent partout.
La mule est de moins en moins farouche, mais je désespère de toucher un jour son doux naseau…