Monsieur Météo nous avait prédit de la chaleur pour aujourd’hui. Avec Manue, on a donc convenu de se balader ce matin. Très tôt. Vers sept heures et des brouettes, je me pointais chez ma belle sœur. La maison était calme ! Bizarrement, moi aussi. Nous sommes allées à la pâture où régnait une douce lumière. Nous avons préparé nos montures. Ranzo ronflait (non pas qu’il était endormi ! Il était déjà sur l’œil avant même d’avoir un cavalier sur le dos). Manue a préféré que nous nous mettions en selle sur le chemin. Nos deux zigotos étaient chauds bouillants. Pour ralentir ma bestiole, j’ai tenté quelques épaules en dedans… qui avaient plutôt des allures de pliage d’encolure. Manue s’est mise en tête pour passer l’horrrrrrible tuyau qui fait peur. Elle a pris le trot et a sauté l’obstacle. Ulsan a pris le galop et hop ! Le tuyau serpentait ensuite sur le chemin et il continuait a faire très peur, mais très courageusement, nous sommes passées en tête. Après le village de B. nous avons fait un premier galop pas très rapide, puis nous avons pris un beau champ moissonné et yahouuuuu ! Enfin, yahou surtout pour Manue et rodéo pour moi. Après le rodéo, Ulsan voulait rejoindre le chemin, moi non. Ce qui a donné une mule au galop de traviole. Oui, bon, pourquoi pas. Nous avons retrouvé le macadam et notre calme puis le chemin en sous-bois où nous avons été très sages. Petit galop en côte, près des vaches, sans moufter. En haut, nous avons bifurqué à droite toute. Ca n’a pas plu à la mule. Je l’ai mise devant. Ca lui a pas plus non plus. Je l’ai mise au trot. Ca lui plaisait toujours pas. Pression des mollets, badine derrière la jambe, encouragements de la voix… Mumule était super vénère.
Allô, non mais allô quoi, c’est comme si j’te dis t’es une mule mais qu’on te traite comme un vulgaire cheval. C’est juste trop pas possible. Elle me prend pour un canasson, ben je vais lui montrer ce que c’est :
« Aaaahhh ! Là ! Là ! Un truc qui fait peur ! »
Et hop un p’tit écart.
Et hop une muletière à terre.
La Reine des Gamelles a encore chu. C’était moins élégant que la dernière fois, même qu’à ce moment il n’y avait personne pour admirer. Sur le cul j’étais. Je me suis vite relevée et j’avais une méga crampe au mollet. Manue m’a rappelé qu’il fallait quand même rattraper ma bête. Mais Ulsan n’est pas un vulgaire bidet et elle attendait tranquillement à quelques mètres, grappillant un brin de paille ou deux. J’ai marché un peu pour faire passer la crampe et me suis remise en selle, moins à l’aise dorénavant. Nous avons retrouvé un champ où Manue a galopé en tête et où j’ai suivi comme j’ai pu. Plus loin, nous avons fait un aller-retour sur un chemin sans issue et avons repris le pas sur l’herbe qui glissait à cause de la rosée. Nous avons retrouvé le village de B. et repris notre route du début en sens inverse : nous avons de nouveau galopé dans les champs moissonnés, j’étais encore en mode rodéo. Nous avons traversé le chemin au vilain tuyau qui fait peur pour rejoindre notre dernier champ : on a sauté le fameux tuyau et là, ENFIN, j’ai eu le droit à mon Yahouuuuu ! J’avais de nouveau confiance (et super envie de sauter quelques barres). Le champ était un peu en contre-haut du sentier. Manue n’osait pas redescendre de peur que Zozo s’emmêle les pieds. Moi, j’étais très tentée. Les mules ont le pied sûr : aller hop ! Le regard bien droit vers l’horizon et c’est passé comme une fleur. Ma belle sœur a suivi et Ranzo n’a même pas trébuché. Le retour à la pâture s’est fait dans le calme, deux heures après notre départ. Le soleil chauffait déjà bien. J’étais un peu furax d’être (encore) tombée, mais j’étais heureuse de retrouver nos ballades avec Manue.
J’ai confié les clés de la mule à cette dernière : je suis sûre qu’elle va assurer pour sa prochaine balade sur son dos !