Février 2007 – Novembre 2012. J’ai passé un peu plus de cinq années dans cette ferme équestre où non seulement j’ai découvert l’équitation mais où j’ai aussi fait la rencontre d’une belle équipe de filles. Quatre d’entre nous, Tiphanie, Messaline, Manue et moi, avons décidé de quitter ces lieux qui m’étaient si chers. Mais les lieux sont inhérents aux Hommes et la gérance de la ferme ne nous convenait plus.
En ce jour de Toussaint, nous sommes allées chercher une dernière fois nos montures dans la pâture. Maryse en a profité pour remonter Happy et le mettre au box.
Nous avons entassé boîtes de pansage et licol dans la voiture de Maryse, celle de Bertrand servirait de voiture-balais en cas de nécessité.
Vers 11 heures, nous nous sommes mises en route, direction le Nord-Ouest de la ferme, sous un ciel bas, gris et venteux. Tant que nous étions au pas, je mettais Ulsan en tête : elle trottinait un peu et laissait de la distance derrière avant de reprendre le pas. Quand nous entendions les potes arriver dans notre dos, hop, on retrottait un peu. Nous avons ensuite pris un chemin où nous pouvions toutes trotter, j’ai préféré me mettre derrière et galoper un peu. Nous arrivions au premier bourg et à l’entrée se trouvait deux chevaux en pâture. Ranzo, qui était en tête à ce moment là a dit « ouh là là j’ai peur » et a fait demi-tour. Ulsan et Petite Rivière ont été contaminées. Heureusement, la plus jeune et la moins trouille-trouille, alias Vénus, est passée comme une fleur et les autres ont pleutrement suivi. Un peu plus loin, ce sont des tuyaux et une vache couchée et esseulée dans son pré qui ont provoqué des « ouh là là j’ai peur ». Vénus est venue à la rescousse… J’ai remis Ulsan en tête : elle était assez regardante mais avançait. Bertrand s’était stratégiquement placé dans un virage dangereux avec sa voiture, nous l’avons dépassé en le saluant. Quelques centaines de mètres plus loin, nouveau « ouh là là j’ai peur ». Il ne venait ni d’Ulsan, ni de Ranzo, ni de Petite Rivière, ni de Vénus… mais de Messaline. La raison ? Deux vaches échappées de leur pré se trouvaient sur notre route ! Et nous n’avons pas du tout des montures western. « Allo Bertrand, au secours, y’a des vaches ! ». Le frangin a déboulé et chassé promptement les bovidés fugitifs. Très bravement, nous sommes passées devant, avant un autre « ouh là là j’ai peur ». Ulsan s’effrayait d’un sachet plastique accroché dans des herbes et s’agitant dans le vent. Heureusement, Vénus était là. Nous avons traversé le deuxième village du périple en marchant en crabe, la mule s’apprêtant à découvrir un monstre à chaque coin de rue. Pas de bêtise notable. Avant de quitter les lieux, nous avons salué une ponette qui officiait autrefois à la ferme. Encore un « ouh là là j’ai peur » d’Ulsan (un vilain et grand panneau). Sauvées une fois de plus par la jeune alezane. Nous avons rejoint une petite route goudronnée et avons bifurqué sur notre premier chemin en herbe (où j’ai pu galoper un peu). Après douze bornes et deux heures, le village de destination était en vue. Dernière frayeur à cause d’un tas de sable (merci encore à Vénus), puis nous sommes passées devant chez Manue où nous attendait un comité d’accueil (Maryse, Bertrand et Angèle). Il ne nous restait qu’une centaine de mètres avant d’arriver chez Julie. Nous avons mis pied à terre avec soulagement. Nous avons été saluées par Léon-L’Etalon et nous avons dessellé, puis avons mis nos montures dans leurs box. Ulsan s’est retrouvée à côté de Ranzo, avec vue sur la cour. L’avait pas l’air d’être heureuse d’être enfermée et elle a dévoré rageusement son foin. Nous avons rangé notre bazar en tentant de trouver nos marques dans ces nouveaux lieux. Chaque fois que je passais devant la mule, elle appelait, l’air de dire « Bon, tu me sors maintenant ? ». Nous avons fini par s’en aller, laissant nos équidés aux bons soins de Julie.
Et j’ai recommandé une dernière fois à Ulsan d’être bien sage et de ne pas se faire remarquer…